Danser avec le IIIe Reich by Laure Guilbert

Auteur:Laure Guilbert
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: André Versaille Éditeur
Publié: 2013-07-17T16:00:00+00:00

Les éminences grises de la danse

Fritz Böhme et Gustav Fischer-Klamt :

idéologues et carriéristes

Si le programme des cours de danse n’est pas assuré avec constance durant les neufs années de l’existence des Deutsche Meisterstätten für Tanz, la formation idéologique atteste en revanche d’une parfaite continuité. Gustav Fischer-Klamt et Fritz Böhme survivent à tous les changements de direction de l’académie. Le premier est chargé d’enseigner la « science de la race et de l’hérédité » entre 1937 et 1941. Le second donne des cours d’histoire de la danse de 1936 à 1945 et s’occupe de la bibliothèque et du centre d’archives. Il est par ailleurs rédacteur en chef, de 1936 à 1944, de la revue officielle du Département de la danse, le Deutsche Tanz-Zeitschrift (Gustav Fischer-Klamt le seconde à partir de 1937). Les Deutsche Meisterstätten für Tanz jouent pour les deux personnages un rôle fécond de laboratoire d’idées. Les années d’avant-guerre représentent pour eux une époque privilégiée au cours de laquelle ils élaborent les fondements d’une réflexion nazie sur la fonction du mouvement dans la culture. Leur enseignement et leurs publications donnent une assise intellectuelle à la politique de Rolf Cunz.

Ces deux éminences grises de la danse bénéficient largement de la période de radicalisation idéologique qui suit les Jeux olympiques. Leur ascension professionnelle constitue une revanche sur l’influence passée de Rudolf von Laban. Gustav Fischer-Klamt luttait vainement, depuis les congrès de Weimar, pour imposer son système de notation. En 1933, il n’avait pas réussi à intégrer les cercles labaniens à la Körperbildungverband, transformée en organisme de « mise au pas ». En 1934, pris de court par les premières actions de Rudolf von Laban à la Deutsche Tanzbühne, il avait échoué dans un projet de festival et de congrès qu’il prévoyait d’organiser à Munich durant l’été 1935 59. Cet échec fut d’autant plus retentissant, que Rudolf von Laban avait refusé d’associer le groupe Klamt dans le programme du premier festival de la Volksbühne, estimant que son style relevait plus de la gymnastique que de la danse artistique. Ce n’est que plus tard que Gustav Fischer-Klamt voit ses ambitions récompensées. Rolf Cunz fait de lui un conseiller de choix. Il publie avec lui le Jahrbuch deutscher Tanz de 1937 et le nomme peu après responsable des archives de la notation du mouvement dans le cadre du Centre des archives de la danse. Contrairement à l’ancien Bureau de notation d’Albrecht Knust, exclusivement consacré aux travaux sur la cinétographie Laban, le nouveau centre a une finalité plus vaste. Il doit compiler l’ensemble des systèmes de notation du mouvement depuis les premiers travaux du XVIe siècle jusqu’à la période contemporaine. Par ailleurs, les activités du groupe Klamt sont unanimement soutenues lors du congrès de la Communauté allemande de danse de mars 1938.

Le parcours de Fritz Böhme porte également les traces de ses anciennes mésententes avec Rudolf von Laban. En mai 1936, ce dernier confie à l’écrivain les cours d’histoire de la danse de la nouvelle académie. Il s’empresse toutefois de lui indiquer que leurs fonctions respectives

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